Coups de coeur 2012 (2)


Roberto Fonseca et ses savants cocktails à La Petite Pierre le samedi 4 août 

 

DERNIÈRES NOUVELLES D’ALSACE 06/08/2012 :

 

  Samedi soir, Roberto Fonseca et ses cinq musiciens ont envoûté la place Jerry Hans à La Petite-Pierre, mêlant avec génie leurs rythmes afro-cubains à des sonorités de multiples origines. Fébrile, joyeux, génial.

 

Debout, coiffé de son petit chapeau noir, Roberto Fonseca pose le décor : à son clavier acoustique, il ajoute des sons électro, créant d’emblée une atmosphère décalée, entre les pianos-bars de la Havane, d’où est originaire le musicien cubain, et un monde plus urbain, qui se marie à merveille avec les chants africains du percussionniste Baba Sissoko. Après ce tour de piste, Roberto Fonseca se lance dans l’arène, avec 80 , issu comme la plupart des morceaux joués samedi de son album Yo , sorti cette année. Immédiatement, la place s’échauffe. Tambourinant sur ses touches comme sur des percussions, Roberto Fonseca entraîne son public dans des mélodies au rythme cardiaque, se lance dans des dialogues et des défis avec ses cinq musiciens, dans des envolées d’improvisation frénétiques, retombant toujours sur ses pattes au moment voulu.

Son jeu intense, puissant, décompose les mélodies, se joue des structures, s’envole librement. Sur Quièn son yo , la rythmique complexe du quintet se dévoile. Foncièrement cubaine, chaloupée, syncopée, elle ne cesse cependant de varier, au gré des variations proposées par ses musiciens. Eux-mêmes apportent leurs influences multiples. Du blues, avec la guitare électrique de Jorges Chicoy, au tango argentin à travers les élans du contrebassiste Yandy Martinez en passant par les chants traditionnels d’Afrique du griot malien Baba Sissoko. Ce dernier est un véritable complice de Roberto Fonseca qui reprend avec lui son « Bibisa », et le présente avec humour comme un « personnage historique de la musique du monde mondial ». Après ce détour par le cœur de l’Afrique, c’est en Arabie que se promène Fonseca, créant des tonalités étonnantes et familières à l’aide de son clavier électro. Au cœur du concert, il calme son jeu pour un morceau qu’il qualifie de « spirituel », en hommage à Ibrahim Ferrer, le chanteur du Buena vista social club, avec lequel Fonseca a réalisé des centaines de concerts entre 2001 et 2005. Plus intimiste, le jeu du pianiste se fait aérien et doux, l’émotion est palpable. Et la dernière posée, les vivats fusent, les silhouettes se dressent sur la place, l’ovation est intense. Le quintet achève le concert par un final flamboyant dans une foule de sonorités qui font danser les spectateurs.