Pierrick Pedron / Cheerleaders

Mardi 12 Février / 20h30/ Cheval Blanc

C’était gonflé, il l’a fait ! Gonflé comme le personnage d’Erwin Wurm reproduit en couverture de son disque. Pierrick Pedron, que l’on sait posséder une maitrise du sax alto aiguisée à travaillerCharlie Parker, qui n’a pas craint d’enregistrer avec une rythmique américaine superlative (Deep In A Dream, avec Mulgrew Miller), ce même Pierrick Pedron s’enfonce encore davantage dans la direction d’une musique affranchie des catégories, hors de tout classicisme sur lequel il pourrait tranquillement se reposer. Le précédent Omry avait annoncé la couleur ; Cheerleaders enfonce le clou. Plus radical, plus touffu, toujours aussi électrique, nourri d’influences qui vont puiser dans le rock anglais mais aussi chez David Binney ou Brad Mehldau version pop, ce disque se développe comme un film sonore, avec ses travelings sublimes ourlés des sonorités de guitare et de claviers, ses fondus enchaînés en forme de trompe l’oreille, mais aussi ses cuts abrupts qui font basculer la musique d’un univers à l’autre. Rêve de voix enfantines, échos de fanfares, riffs cinglants et batteries lourdes, l’album défile comme un mouvement d’orage, dominé par le saxophone alto, tour à tour lyrique et enfiévré, du leader. Epaulé par Laurent Coq et Vincent Artaud dans ses intuitions mélodiques, Pierrick Pedron propose avec Cheerleaders un disque résolument différent. Peu de nos jours offrent un tel voyage sonore, loin des clichés, loin des routines, osant défricher et tracer leur route littéralement vers l’inédit.