Coups de coeur (3)
Rodolphe Burger invite Erik Truffaz le samedi 11 août à La Petite Pierre
« Concert atypique ou savant mélange des genres entre jazz-rock, chansons, sonorités orientales ; riches semences en attente de moisson… Rodolphe Burger et Érik Truffaz se posent à la Petite Pierre pour un concert qui ira crescendo…
Avec « La chambre », beau texte mi-parlé mi-chanté, Burger en solo installe un climat intime et poétique, de sa voix grave qui n’est pas sans évoquer celle de Bashung, feu son compatriote alsacien avec lequel, naguère, il collabora. Quand le batteur s’installe, le chant se fait anglo-saxon, le rock pointe son nez. Puis sous son noir chapeau arrive Érik Truffaz : trompette bouchée, sonorité acide à la Miles Davis, blues de l’âme. Avec Lady of Guadalupe, c’est un expressionnisme lyrique qui déploie ses rugueuses sonorités ibériques ; Truffaz au bord de la scène exhorte les fantômes du cri de sa trompette. Enfin jazz-rock à tous les étages : sous les rifs plombés de la basse et de la batterie, la voix rauque de Burger, les stridences du trompettiste saturent l’air et les esprits.
Interlude oriental quand débarquent trois musiciens ouzbeks droit venus d’Armorique. Changement d’atmosphère ? À peine. Burger reprend en douceur puis assène des rifs nerveux : la mélopée ouzbèque est miscible dans le rock et réciproquement, la musique transcende les différences.
Exit les Ouzbeks, retour en Occident et au rock. À gauche de la scène sur son tabouret perché, Truffaz, noir corbeau émacié, continue de fondre ses sonorités cuivrées, impassible. Burger, lui occupe tout l’espace de sa présence massive. Le concert s’emballe. Superbe reprise de Billie Jean. C’est plié. » Roland Corbelin